[FB Solo] Kill Switch

KILL SWITCH

29/08/86. Lieu Inconnu.

- Vite ! Dégagez le passage, on a une urgence ! Ordonna un officier après avoir violemment les portes à double battant du couloir souterrain. Allez, amenez le ! Magnez-vous, les gars ! Poursuivit il en se tournant derrière lui.

Aussitôt, Quatre types apparurent en poussant un brancard sur lequel reposait un homme dont les signes vitaux semblaient sérieusement engagés. Le petit groupe passa devant un groupe de docteurs qui observait la scène et fonça dans une salle d'observation, suivi d'un médecin.
- Tension à 9,4 ! Pouls à 55, et toujours instable ! On va le perdre !
Le petit groupe disparut dans une salle au bout du couloir, et un duo d'inspecteurs entra à son tour dans le couloir qui avait tout d'un hôpital, avec au milieu d'eux un jeune garçon au visage choqué, portant un bracelet magique, afin de neutraliser ses pouvoirs.

A leur approche, un vieux docteur en blouse blanche et mal rasé s'approcha d'eux, et s'immobilisa face à eux:
- C'est lui ? Demanda t'il au premier inspecteur qui portait des cheveux longs attachés en queue de cheval.
- Oui... Il a failli tuer Russell, simplement en le touchant. Mais je ne crois pas qu'il nous entende. Il est plongé dans un état catatonique depuis l'incident.
- Ca nous facilitera la tâche, commenta froidement le médecin en observa le jeune adolescent. On a pu identifier sa race ? Extérieurement, il a l'air... plutôt normal, ajouta t'il en se frottant le menton, tout en fixant toujours le garçon.
- Pas encore, non.
- Bon, on va commencer par là, alors... Jake ! Préparez une cellule de confinement pour ce garçon, voulez vous ?
- De confinement, monsieur ?

Le vieil homme se tourna vers le jeune médecin, et replaça ses lunettes dans un geste d'agacement avant d'ajouter:
- Protocole pour les cas de classe L, comme lui. J'ose espérer que vous savez au moins de quoi il s'agit...
- Oh ! Oui, bien sûr, monsieur !
- Alors bougez vous !
- A vos ordres.


***

Date inconnue. Lieu inconnu.

Jason émergea dans sa cellule avant qu'un haut le coeur le pousse à courir se pencher pour vomir une nouvelle fois aux toilettes. Ces maux de crâne... ils étaient de plus en plus fréquents... Et sa mémoire en pâtissait, elle aussi. Il ne se souvenait plus très bien comment il était arrivé ici, ni combien de temps s'était écoulé, depuis...
Le temps embrouillait son esprit, mais pas autant que ce qu'on lui faisait pour tenter de "contenir" ses pouvoirs.

Un nouveau haut le coeur, et Jason s'affala à côté des toilettes, contre le mur. Il n'avait pas la force de se relever pour retourner dans son lit, à quelques mètres de là. Aucune importance... De toute façon, il ne tarderait pas à se perdre dans les méandres de son esprit, une fois de plus. Ce n'était qu'une question de temps...

C'est alors qu'une porte automatique coulissa, et un homme entra dans la pièce voisine servant à "observer" le brun dans sa cellule. Une grande paroi de verre séparait cet étranger aux tempes argentées du jeune Ashfield, toujours affalé à terre.
- Comment te sens tu, Jason ? Murmura alors l'inconnu à travers l'ouverture qui bloquait Jason dans cette prison.
- A merveille, vraiment... Rétorqua ce dernier en observant le nouveau venu avec un mélange de mépris et de cynisme, avant de toussoter. Ca ne se voit pas ?
- Hm... Oui, on m'avait prévenu que tu avais développé un humour légèrement... acide... ces dernières semaines.

Le brun prit appui sur la cuvette des toilettes et se redressa en puisant au fond de ses forces.
- Vous voulez quoi ?! Qu'est ce que je fais ici, au juste ?!
- On te l'a déjà expliqué, mon pauvre, Jason. Mais ta mémoire... déraille un peu, dernièrement...
- Comme c'est surprenant... Jouez avec les gênes de quelqu'un, et vous serez surpris de constater que son corps n'est pas fait pour ça et ne résiste pas bien au "traitement" en question.

L'inconnu soupira en s'allumant une cigarette sous l'oeil farouche de Jason.
- On ne peut pas dire que tu me rendes la chose facile, décidément...
Le brun sembla halluciner en entendant une connerie pareille, et le fit bien sentir dans sa réponse suivante:
- Oh, mais oui, où avais je la tête ?! Voulez vous un peu de thé ?! Ah, non... c'est vrai que je n'en ai pas... Quelques migraines, peut être, alors ? Des pertes de mémoire, Ou des vomissements ? Ca, j'en ai plein, par contre ! A cause de vous  ! Lança t'il d'une voix soudain plus puissante en pointant un doigt accusateur sur l'homme à la cigarette.

Ce dernier eût un léger sourire satisfait, comme s'il découvrait que son poulain ne le décevrait pas.
- Nous n'avions pas le choix, Jason. Tu as failli tuer un enseignant en le touchant, lors de ton arrivée à S'Indarë.

KILL SWITCH

Un lourd silence s'installa après la phrase de l'inconnu, et Jason resta interdit, comme s'il apprenait la nouvelle pour la première fois. Abasourdi, déstabilisé, il fit un pas en direction de la vitre et du champ de force magique qui l'empêchait de sortir de sa cellule.
- Vous mentez !
- Non. Il m'arrive de mentir, bien sûr. Mais ce n'est pas le cas, ici. Tu es ce qu'on appelle... un faucheur... un messager de la Mort. Tes mains sont capables de tuer d'un simple contact. Et elles ont bien failli le faire.

L'adolescent resta là, à fixer son interlocuteur, à tenter d'arracher le vrai du faux... Sans résultat.
- Ce n'était qu'un accident, bien sûr. Un de tes profs a posé sa main sur ton épaule, tu as repousé celle ci à l'aide de tes doigts...
- Et j'ai déclenché mon pouvoir... termina le brun qui avait deviné la suite sans trop de difficultés.
- Je vois que ton esprit n'a pas perdu de sa vivacité malgré ces derniers mois de traitement.
- Mois ? Répéta le brun en relevant les yeux vers l'inconnu.
Depuis quand était il enfermé ici, exactement ?
- Quel jour est on ?

L'homme aux tempes argentées s'installa dans un fauteuil des plus confortables, de l'autre côté de la vitre, avant de rebondir sur la question de l'étudiant:
- Je ne suis pas autorisé à répondre à cette question. Pas tant que ton pouvoir létal ne sera pas pleinement neutralisé.
- Neutralisé... ?
- Les éléments classés L, comme toi, se voient neutraliser leurs pouvoirs de façon définitive et irréversible. Malheureusement, la nature rare de ta race nous donne du fil à retordre. Ca fait déjà plusieurs mois que tu es ici et que nous échouons.

Le brun s'avança lentement jusqu'au champ de force et s'immobilisa à quelques centimètres de ce dernier. Il pouvait voir et sentir le parfum de la liberté. Mais s'il tentait de passer à travers cette ouverture, le champ de force le lui ferait payer. Sa mémoire se rappelait encore de son dernier essai, plus que douloureux...
- Et ensuite ?
- Ensuite quoi ?
- Une fois que vous aurez... "neutralisé" mes pouvoirs, comme vous dîtes. Que se passera t'il, alors ?
- Alors, tu reprendras les cours, bien sûr !

Un léger sourire d'abord, puis un rire nerveux, de plus en plus fort, s'empara du faucheur qui se laissa aller à ses instincts pour la première fois depuis longtemps.
- Quelque chose de drôle ?
- Oui, tout ! Vous détruisez mon corps, et mon âme, et ensuite vous attendez de moi que je reprenne une vie "normale" comme si rien ne s'était passé ?!
Il fit volteface en direction de l'inconnu, et posa son front contre la vitre, avant d'ajouter d'un ton particulièrement menaçant:
- Casse toi d'ici... Avant que le champ de force qui consistuent mes barreaux ne soient plus suffisants pour m'arrêter... Parce que si je sors d'ici, et que tu es encore là, tu seras le premier dont je répandrai le sang...

Visiblement pas impressionné, l'étranger soupira une nouvelle fois, mais se leva malgré tout, et s'approcha de Jason. Il s'immobilisa de l'autre côté de la vitrine, si près qu'il était à portée de bras...
- Ta capacité à tuer te sera enlevée, Jason. Je vais y veiller, personnellement. Mais ne t'inquiète pas... Tu es fait pour ça... D'une façon ou d'une autre, tu conserveras une capacité à ôter la vie. Elle changera simplement d'aspect, c'est tout...
Le brun éloigna son front de la vitre, surpris par une telle phrase.
- Qui êtes vous ?!
- Peu importe, pour le moment... Tout ce que tu as besoin de savoir, c'est qu'un jour, toi et moi, nous serons amenés à travailler ensemble. J'aurai besoin de tes talents, et toi, tu auras besoin de moi. Ce sera un partenariat mutuellement profitable.
- Je ne vois absolument rien de profitable pour moi, là dedans, rétorqua l'adolescent d'un ton glacial.
- Ca viendra... Chaque chose en son temps... Murmura l'étranger en faisant volteface et en quittant la pièce, en laissant Jason, seul avec ses pensées.

KILL SWITCH

Mardi 18/09/87. 10:37. Cour extérieure de S'indarë.

Le jeune Ashfield avait fait sa rentrée avec un an de retard. Mais déjà, plusieurs choses clochaient, et son "intégration sociale" avait été torpillée méchamment par sa condition de faucheur. En l'espace de quelques jours, il s'était accroché avec plusieurs types de sa classe et s'était retrouvé isolé socialement après en avoir envoyé un à l'infirmerie.
Pourtant, les effets secondaires dûs à la neutralisation de son toucher mortel avait beaucoup diminué en intensité. Presque tous, en tout cas...

Non, le problème ne venait pas de là. Mais plutôt de l'origine même de sa race magique. De drôles d'histoires circulaient sur les faucheurs: certains pensaient qu'ils agissaient pour le compte de la Mort, d'autres que simplement croiser leur route attirait le malheur sur soi... Ce genre de rumeurs s'était répandu si vite que Jason s'était retrouvé seul avant même de s'en être rendu compte.
Quoi qu'il en soit, cela ne changea pas réellement sa vision du monde. Pas après l'année épouvantable qu'il venait de passer...

Il ne se rappelait pas de tout, mais il savait que certains effets risquaient d'être permanents. Et justement, assis à l'ombre d'un arbre, seul, dans un coin de la cour, il vit sa main commencer à trembloter et la leva devant ses yeux avant de plisser ces dernier, et de serrer le poing.
Aucune importance, il avait prévu le nécessaire. Il tira une petite briquette de lait de son sac, et inséra la paille dans le petit trou avant de commencer à boire rapidement. Ca allait vite s'atténuer. Ca s'atténuait toujours quand il s'en occupait avant que les crises ne commencent réellement.

Soudain, une jeune fille avec de longues couettes bleues s'immobilisa devant Jason avec un grand sourire. Surpris, ce dernier releva les yeux en détaillant l'adolescente de bas en haut: elle était dans sa classe. Un nom asiatique, lui semblait il... Xiao Lin ? Quelque chose comme ça...
- Salut, toi ! Tu es encore tout seul ?
Le faucheur hésita un instant à répondre avec cynisme, mais le sourire de la jeune fille fit pencher la balance en sa faveur:
- Comme tu peux le voir...
- Tu prends toujours tes pauses en solitaire ?
- Ma popularité n'est pas vraiment des plus élevées, depuis que j'ai cassé une table en deux en faisant passer Yorgen au travers.

La jeune élementaire sourit avant de s'assoir à ses côtés, visiblement sans la moindre crainte.
- Tu devrais faire attention. Ta réputation va en prendre un coup si on voit que tu traînes avec le faucheur, murmura t'il alors pour son bien.
- Qui s'en préoccupe ?! Rétorqua t'elle aussitôt avec bonne humeur. Tu bois quoi ? Fais voir...
Elle s'empara de sa briquette de lait et siffla une gorgée sans même lui demander son avis.
- Hey ! Ca te dérangerait de demander ?! Intervint le brun, à la fois surpris et content que quelqu'un se comporte normalement avec lui, pour changer un peu.
- Tu serais pas un peu radin, dis moi ? Le taquina aussitôt la jeune fille en lui rendant sa boisson.
- Merci ! Rétorqua le brun en lui arrachant doucement des mains.

Loin de se laisser démonter, l'adolescente lui tendit la main, que le brun observa avec surprise:
- Au fait, je m'appelle Mei Ling ! Et toi, tu es Jason le faucheur, c'est ça ?
- ...Ashfield, murmura ce dernier en grinçant des dents. Jason Ashfield.
- Enchantée, Jason Ashfield ! J'espère qu'on sera bons amis, à l'avenir ! Lui dit elle en lui serrant la main.