Assumer les conséquences de ses actes (PV Jason)

Assumer les conséquences de ses actes

Lundi 15/09/97. Club de Boxe "The Counter Strike". 16:55.

Voilà quelques jours que j'avais combattu contre Jason sur un ring. Que je l'avais mis K.O et surtout, que je l'avais à nouveau mis à terre, mais, cette fois, dans un combat sans règles. Je me souvenais encore de l'état du vestiaire quand j'étais revenue à moi. De l'état de Jason aussi, et du mien. Un vrai carnage. Mais il était temps de réparer mes erreurs. En sortant du vestiaire, j'avais été voir l'entraineur, en lui disant que je viendrais arranger et rattraper mes dégâts. Il m'avait aussi dit que nous aurions une discussion tous les deux, une fois que j'aurai guéri et que j'aurai retrouvé mes esprits. Je redoutais un peu cette entrevue. Plus que celles que j'avais avec le principal de S'Indarë. Mes débordements à S'in étaient... gérables Mes colères n'étaient pas aussi violentes que celle qui s'était déclenchée au club la semaine dernière. Elle était tellement différente et plus puissante... J'avais cette impression de comprendre ce que les autres disaient quand ils me qualifiaient de monstre. Et ils avaient raison.

Je soufflais un coup avant de pousser la porte du club, vêtue du même type de tenue que la dernière fois. Je n'avais pas eu le temps de me changer après mon cours de sports de combat. Je descendis les marches qui menaient à la salle où j'avais combattu une semaine plus tôt puis me dirigea vers le ring où se trouvait l'entraineur. Mon sac sur l'épaule, je m'arrêtai non loin, regardant d'un oeil distrait le combat qui se déroulait juste derrière.

"Bonsoir..."

J'étais nerveuse malgré moi. Je savais que j'avais merdé et je regrettais ce qu'il s'était passé. Contrairement à mes excès de colère à l'école où j'en profitais pour remettre en place quelques étudiants chiants, là, j'avais blessé un ami et détruit la moitié d'un vestiaire. Et je comptais bien racheter mes fautes.

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Assumer les conséquences de ses actes

J'avais senti les regards sur moi. Pas hostiles, pas déplacés. Juste curieux. C'était pour cette raison que je n'avais pas réagi plus que ça. Je pouvais comprendre leur curiosité. D'apparence, je pouvais avoir l'air d'une adolescente qui n'avait rien à faire dans cette salle. Mais, en y prêtant un peu plus attention, on voyait bien les muscles saillants qui témoignaient d'un dur labeur, et la détermination qui ne quittait jamais mon regard.

J'acquiesçai aux paroles du vieil homme. Un combat était en jeu, son boxeur avait besoin de lui. Je m'écartais un peu, mais je gardais un œil sur le combat, histoire d'analyser les positionnements et les coups de chacun. Dès l'instant où le gong retentit, je vis le mauvais mouvement.

"KO."

J'avais murmuré ces paroles pour moi. Et je ne m'étais pas trompée. L'instant d'après, le voilà par terre. Je déposais mon sac avant de récupérer le seau d'eau pour l'apporter à l'entraineur. Je savais ce qu'il allait faire alors sa demande ne me surprit pas. Je me reculais à nouveau pour le laisser parler avec lui. Je n'avais pas à interférer. Je cachais ma surprise quand il s'adressa à moi et le suivis sans faire d'histoires après avoir récupéré mes affaires.

Je marchais mécaniquement, réfléchissant à toutes les tâches qu'il pourrait me confier. Nettoyer ? Lui servir d'assistante ? Ranger ? Beaucoup de choses étaient possibles et au final, il aurait le dernier mot. Je ne fis pas attention aux regards à nouveau posés sur moi, me contentant de monter les escaliers jusqu'à son bureau. Je rentrais puis m'assis face à lui quand il me le demanda. Je ne baissais pas les yeux quand il me fixa. Voulait il me tester ?

"En effet."

Ma voix était neutre. Elle trahissait peut-être un léger stress, et encore. Je savais à peu près maitriser ce genre d'émotions. Mais sa question me prit au dépourvu. Je ne m'attendais pas à ça. Et un petit sourire en coin étira un instant mes lèvres avant de reprendre mon visage habituel.

"J'ai fait des conneries parce que je n'ai pas su me maitriser et maitriser la colère qui grondait en moi. Je ne suis pas le genre à me chercher des excuses. J'ai fait des conneries, je les assume. Qui sait ? Peut-être que je trouverai des réponses à ce qu'il m'est arrivé auprès de vous."

Je ne baissais toujours pas le regard. Mes sourcils se froncèrent légèrement. C'était clairement un test. Je ne savais pas ce qu'il cherchait. Mais j'avais été honnête avec lui. Je réparais mes erreurs quand j'estimais que ça méritait mon attention. Si je cassais quelque chose à l'école, je le réparais. Si je cassais des gueules, c'était un autre débat, et souvent mérité. Mais ici, Jason s'était pris une raclée parce qu'il avait voulu m'aider et j'avais détruit la moitié d'un vestiaire par la même occasion. Alors oui, j'estimais que c'était à moi de réparer tout ça.

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Assumer les conséquences de ses actes

L'entraineur avait l'air d'avoir une idée derrière la tête. Je l'avais senti m'observer mais je n'avais rien relevé. Je flairais le test. Pour une raison que j'ignorais, il voulait connaitre les motivations qui me poussaient à vouloir assumer les conséquences de mes actes. En revanche, malgré tout, je ne baissais pas les yeux. Il cherchait à me déstabiliser, rien qu'avec sa question, mais je n'étais pas du genre à éviter le regard de quelqu'un. Je savais ce que je voulais, je ne doutais pas de mes paroles, je n'avais aucune raison de détourner mes yeux des siens. Certains le prendraient comme de la provocation. En l'occurrence, maintenant, ce n'était pas le cas.

Je levais un sourcil à sa première phrase. Bien sûr que je l'avais entendu, j'avais une ouïe surdéveloppée. A cette distance, j'entendais absolument tout ce qu'il disait, même ses murmures. Comment ça il comprenait pourquoi Jason m'avait amenée ici ? En plus, c'était moi qui avait demandé un combat contre lui, à la base. Bon, c'était lui qui avait proposé le lieu. Était ce intentionnel ? Mais pourquoi alors ? Il y avait quelque chose de spécial ici, en dehors du fait que les créatures magiques étaient acceptées mais sans utilisation de pouvoir ?

"J'imagine que vous connaissez les cristaux qui ornent nos corps ? Je vous laisse imaginer la couleur du mien. Je ne sais pas à quoi est due cette colère. Peut-être à cause de mon hybridité assez détonante. Mais cette colère déborde, souvent, et il en résulte de la casse, vu mes aptitudes au combat. Sur le ring, j'ai voulu la contrôler. Mais c'est après que j'ai explosé. Je veux comprendre pourquoi et apprendre comment je pourrais la maitriser sans en subir le contrecoup ensuite."

Je n'avais pas quitté son regard.

"Je ne vais pas mentir, quand certains me cherchent à S'Indarë, je ne vois aucune raison de retenir cette colère. Tout comme dans un combat où je pourrais être en danger. Sur le ring, c'était un combat à la loyale, je voulais le rester jusqu'au bout."

Je ne voulais pas blesser Jason. Tout faisait partie du combat. On me le répétait assez en cours quand je mettais K.O certains adversaires.. un peu trop violemment. Peut-être qu'Anderson serait capable de m'apprendre à gérer un peu mieux tout ça. Je l'écoutais ensuite sans l'interrompre.

"Marché conclu. On se voit demain."

Après un signe de tête, je récupérais mes affaires avant de retourner à l'école. Le marché me paraissait honnête. Et puis, ce serait certainement intéressant de l'aider à la salle comme ça. Je me demandais bien si j'étais capable d'être de l'autre côté et d'apprendre des choses aux autres.

Le lendemain, après un passage à ma chambre, je rejoignis donc la salle pour commencer mon travail avec Anderson. Il m'expliqua tout ce qu'il y avait à savoir et je l'écoutais d'une oreille attentive. Quand il eut fini, je me rendis dans les vestiaires pour me changer et mettre ma tenue habituelle de sport puis rangeai mes affaires dans l'un des casiers avant de le rejoindre à nouveau. Nous étions restés en haut cette fois. Je l'assistais sans broncher, j'observai chacun de ses gestes, écoutai chacune de ses paroles. Je m'attelai à chaque tâche qu'il me confiait. Et je retournais à S'Indarë quand il estimait que j'avais assez travaillé pour la journée. Et pour que je rentre avant le couvre feu aussi.

Trois jours passèrent ainsi, avec la même routine et je devais bien avouer que j'étais contente de l'aider. Je me sentais utile et je me sentais bien, que ce soit pendant que je supervisais certaines choses ou que je m'entrainais seule ou avec lui. Mais j'avais sentie des regards sur moi, différents de ceux qui s'étaient posés sur moi la première fois que j'étais revenue à la salle après l'incident. Ils étaient plutôt insistants, ceux là. Je choisis de les ignorer. J'étais là pour maitriser ma colère après tout.

Mais aujourd'hui, il avait choisi de venir directement me voir. Alors que je tapais dans un sac, un homme apparut derrière pour le retenir. D'un regard, je cherchais Anderson mais il n'était pas dans le coin. Evidemment. Je m'arrêtais aussitôt de frapper.

"Qu'est-ce que tu veux ?

- Voyons ma jolie, ne prends pas ce ton avec moi. Je veux juste... m'entrainer avec toi."

T'entrainer, oui c'est ça, prends moi pour une renarde. Je levais les yeux au ciel.

"Va voir ailleurs et laisse moi m'entrainer seule."

J'étais dans une période de rédemption ici, je ne voulais pas tout foutre en l'air à cause d'un con. Mais il n'avait pas l'air de cet avis. Et il n'était pas seul. Il échangea un regard avec ses deux copains avant de se diriger vers moi. Je croisais les bras mais ne bougeai pas. S'il croyait que j'allais reculer devant lui. Il s'approcha au plus près.

"Je n'ai pas dit que j'allais te laisser le choix."

Il glissa un doigt sous mon menton et je grognai un coup en me dégageant.

"J'adore quand on me résiste."

Il me poussa d'un coup contre le mur le plus proche et plaça ses mains de part et d'autre de mon visage. Mes bras le long du corps, je sentais la colère monter en moi.

"Je te conseille de partir.

- Sinon quoi ma belle ? Tu vas me mordre ? Vas y, je n'attends que ça..."

Un nouveau grognement m'échappa, plus fort, alors qu'il riait. Mes griffes étaient sorties, mais il ne les avait pas vues. Mes yeux avaient changé de couleur pour prendre l'écarlate caractéristique de ma colère. Je n'allais pas tarder à lui refaire le portrait...

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Assumer les conséquences de ses actes

L'entraineur n'avait pas l'air de vouloir que je répare mes erreurs juste pour réparer mes erreurs. Il voulait que ce travail m'aide en quelque sorte. Un peu comme ce genre de punition éducative qui servait à ressortir différent. Mais sa manière d'aborder la chose me plaisait assez.

"Peut-être. Mais je ne vais pas rester aussi instable toute ma vie. Je veux trouver des réponses."

C'était quelque chose de difficile, à n'en pas douter. Mais je n'étais pas du genre à baisser les bras à la première difficulté.

"Vous avez aidé Jason ?"

J'étais surprise. J'avais compris que les deux hommes se connaissaient depuis un moment, sinon Anderson n'accepterait pas aussi facilement certains comportements de l'inspecteur. Mais il disait l'avoir aidé. A quoi ? A gérer ses émotions ? Que lui était-il arrivé par le passé ? Trop de questions se bousculaient dans ma tête. Mais, pour toute réponse, il se contenta de me sourire. Je saurai peut-être, en temps et en heure. Mais ce n'était pas le moment. Et certainement pas à lui de me parler de ça.

Jeudi 18/09/97. Club de Boxe "The Counter Strike". 18:49.

Stanley me tournait autour depuis plusieurs jours. Je l'avais vu. Mais il avait gardé ses distances jusqu'à présent donc je n'avais pas alerté Anderson. Et puis, je savais me défendre seule, je n'étais pas du genre à chouiner au moindre souci. Mais aujourd'hui, il avait dépassé les bornes. J'avais envie de répliquer, je voulais lui en mettre une. La colère commençait à gronder en moi et se manifestait pour le moment que par des grognements et la couleur de mes yeux. Mes griffes s'étaient aussi invitées à la fête mais je tentais de ne pas le lacérer avec.

C'est alors que j'entendis sa voix. Un murmure parfaitement audible pour mes oreilles qui se mirent à chercher d'où ça provenait. Il était là, je sentais son odeur. Mais je ne le voyais pas parce Stanley était presque collé à moi. Ma respiration s'était accélérée, j'étais au stade suivant de ma colère. D'une seconde à l'autre, si je ne me contrôlais pas, il allait se retrouver à terre, en sang.

Mais au moment où j'allais planter mes griffes, il fut violemment plaqué au mur, juste à côté de moi. Je ne bougeais pas, tentant de contrôler les tremblements qui s'étaient emparés de mes mains. Mes yeux remontèrent vers les siens et je vis la couleur bleu turquoise caractéristique qui se manifestait quand il utilisait son pouvoir. Un frisson parcourut mon corps quand j'entendis sa voix. Elle était très différente de d'habitude, comme si... ce n'était pas lui. Mais je savais que c'était lui, on ne pouvait pas reproduire aussi bien une odeur corporelle. Que lui arrivait il ? Était ce à cause de sa race ?

Mes oreilles se plaquèrent en arrière quand j'entendis le hurlement de douleur de celui qui avait tenté de m'agresser. Je croisais les bras pour masquer mes tremblements qui ne cessaient d'augmenter. L'entraineur arriva en courant et je lui lançais un regard d'incompréhension. Qu'est-ce qu'on devait faire ? Il n'était pas dans son état normal. Et il n'écoutait pas ce qu'il lui disait.

"Jason, il a compris, arrête...

- Touche la encore, et je t'arrache le cœur avant de te le faire bouffer... C'est clair ?!"

Cette violence dans ses paroles... On aurait dit moi. Mais là, il faisait ça pour me défendre. Pourquoi ? Je sentis le rouge me monter légèrement aux joues. D'habitude, c'était moi qui défendait les autres. Mais, maintenant que quelqu'un, que lui, venait de le faire, je trouvais ça... agréable, comme sensation.

Je revins à moi en sursautant quand j'entendis Anderson hurler. Ses yeux reprirent leur couleur habituelle, signe qu'il était bel et bien en train d'utiliser son pouvoir ou que quelque chose s'était produit à cause de sa race. Je croisais son regard, le temps d'un instant. Puis, il envoya Stanley au loin avant de choisir la fuite, en évitant cette fois mon regard.

Je m'approchais de l'entraineur, mes mains tremblant encore, la respiration haletante et mes yeux toujours rouges, signe que la colère n'avait pas totalement disparu.

"Qu'est-ce que... il s'est passé ?"

Mon regard alterna entre Anderson et l'endroit où Jason avait disparu. Il était dans les vestiaires, je n'avais rien à y faire. Mais lui n'avait rien à faire dans celui des filles quand j'avais fait ma crise et il était venu quand même.

"Il faut que j'aille le voir..."

Je ne savais pas si le vieil homme allait me laisser faire, mais j'amorçais un geste pour me diriger vers les vestiaires, sans un regard pour l'homme à terre.

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Jason n'entendait plus rien. C'était comme si son corps entier réclamait vengeance et voulait faire souffrir la personne en face. Je pouvais comprendre ce sentiment car c'était le même que je ressentais quand je me mettais en colère. Je revenais généralement à moi quand j'avais fini de cogner ou quand quelqu'un réussissait à me ramener à moi. Et très peu de personnes en étaient capables. Je me doutais qu'il ne réagirait pas à mes paroles mais j'avais voulu essayer quand même. Mais rien n'allait. Ma voix tremblait, je n'avais pas parlé assez fort et certainement pas avec assez de conviction. Car une part de moi était contente de le voir souffrir ainsi. Même si j'essayais de l'enfouir pour le moment au plus profond de moi, elle était bel et bien là. Je tentais déjà de maitriser mes propres émotions, alors j'étais bien incapable de tenter de m'occuper de celles de Jason. Mais, d'habitude, c'était lui qui faisait ça pour moi. Et il y arrivait. Mais parce qu'il était calme et sûr de lui. Moi, je ne l'étais pas à cet instant.

J'avais découvert une autre facette de lui. Une qui ne se contrôlait pas. Comme moi. Nous avions plus en commun que ce que je pensais. Et ça se vérifiait encore aujourd'hui. Sauf qu'il était parti bien avant que j'ai eu le temps de dire ou faire quoi que ce soit. Je m'approchais d'Anderson pour tenter d'avoir quelques réponses et tentant de reprendre le contrôle sur moi-même.

"C'était donc ça... Je comprends mieux certaines choses."

Je connaissais sa race depuis le début, je le taquinais même régulièrement avec. Mais, je ne savais pas ce que ça impliquait, je n'avais pas eu l'occasion de lire tout son dossier, et il n'y avait pas non plus toutes les informations. Les pièces du puzzle commençaient à s'assembler doucement dans ma tête. Là où j'étais victime de mes crises de colère, lui, était victime de sa race. Le faucheur était comme une partie à part entière de lui qui pouvait prendre possession de son corps... en cas d'émotions fortes je dirais. Quelle était celle qui avait ressurgi à cet instant ? La colère ? La peur que je sois blessée ? Autre chose ?

Pendant que je réfléchissais à tout ça, un peu perturbée, le vieil homme s'était approché de Stanley. J'observais l'échange, silencieusement. Je croisais mes bras sous ma poitrine, toisant l'homme qui me fixait d'un air confus. Oui, j'étais plus dangereuse que Jason. Il valait mieux pour lui que je n'aille pas jusque là. Car Anderson avait raison. Si j'avais explosé et que personne ne m'avait arrêtée, il serait probablement mort. Je fronçais les sourcils en le fixant, un léger grognement remontant dans ma gorge, une lueur rouge dansant toujours dans mon regard. S'il voulait une démonstration, j'étais assez en forme pour lui montrer. Mais il eut l'air de comprendre, au moins pour l'instant.

Ca m'arrangeait, car je m'inquiétais pour Jason et je voulais aller lui parler. Même si lui ne le voulait certainement pas. Ce qu'il avait fait pour moi... Non, je devais aller le voir. Et Anderson ne m'en empêcha pas, se contentant de me donner quelques recommandations.

"Je survivrai, je sais encaisser."

Je tournai les talons, me dirigeant vers les vestiaires quand il m'interpella à nouveau. Un léger sourire flotta sur mes lèvres.

"Promis. S'il doit passer ses nerfs, je ferai en sorte que ce soit sur moi."

Un petit haussement d'épaules et me voilà repartie vers les vestiaires un peu plus loin. Je poussai la porte en arrivant et la refermai derrière moi. Tout était silencieux. Trop silencieux.

"Jason ?"

Mes oreilles bougeaient dans tous les sens pour tenter de capter le moindre bruit. J'entendis celui de la cigarette qui se consume, sa respiration et je me repérai ainsi, avançant en suivant les différents bruits. Je le trouvai assis avec sa cigarette à la bouche. Coudes posés sur les genoux, il était penché en avant et semblait ailleurs.

Je m'approchai prudemment et m'assis à côté de lui, sans être trop proche. Je relevai mes jambes vers moi, les entourant de mes bras et posant ma tête sur mes genoux sans rien dire durant quelques instants.

"Tu aurais préféré que je ne te vois pas comme ça, n'est-ce pas ? C'est de ça dont tu parlais quand tu disais que tu comprenais ce que je vivais et qu'on se ressemblait plus que je ne l'imaginais ?"

J'aurai pu lui dire merci. Mais je soupçonnais qu'il le prenne mal. Parce que, dans ce genre de moment, peu importe ce qu'on faisait et surtout, pourquoi on le faisait, on n'en était pas forcément fier. Alors le remercier aurait été la pire chose à faire. Et puis, il savait très bien que ce n'était pas vraiment mon genre. J'aurai plutôt été le genre à dire "Je me débrouillais très bien toute seule". Mais là, j'avais mis un peu mon ego de côté pour tenter de comprendre certaines choses. Pour tenter de le comprendre.

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Je ne savais pas si c'était prudent de le rejoindre dans les vestiaires après ce qu'il venait de se passer. D'après Anderson, il était plus agressif quand ça arrivait. Mais je n'avais pas peur. Et je voulais comprendre, et peut-être même l'aider. Même si je doutais qu'il accepte l'aide d'une ado de 16 ans qui ne connaissait rien à la vie par rapport à lui. Au final, plus le temps avançait et plus je me rendais compte de nos similarités. Et plus je comprenais ce qu'Anderson avait voulu dire, quelques jours plus tôt.

Un haussement d'épaules et un rire un peu dédaigneux répondirent à sa remarque.

"Si tu savais comme je m'en fous... Mais faisons en sorte que l'histoire ne se répète pas. Anderson criserait."

La dernière fois que l'un de nous s'était retrouvé dans un vestiaire qui n'était pas le sien, on avait cassé pas mal de choses. Je fixai le mur face à moi, sans rien dire. Mais il prit la parole, et je l'écoutais. Je savais que c'était important alors je ne l'interrompis pas. Mais je le regardai, et je voyais sur son visage qu'il essayait de se calmer. Plus il parlait, plus mes muscles se tendaient. C'était injuste. Mes poings se fermèrent, ma bouche était entrouverte mais seul un souffle rauque en sortait. Mes yeux avaient gardé leur couleur rouge caractéristique. Mais je ne dis rien. Jusqu'à ce qu'il lève son regard vers moi.

"Je ne cherche pas non plus à avoir une bonne conduite. Je réagis et ça finit toujours mal. Je ne suis pas classée L mais je sais que je pourrais les tuer d'un claquement de doigt si... si je laissais la colère prendre le dessus sur moi."

Si la colère me guidait pleinement, je serais capable de faire les pires horreurs. Oui, j'étais incontrôlable, mais non pas totalement. Car j'avais encore une part de lucidité en moi, qui me faisait revenir à temps. De moi-même. Jason, c'était Anderson qui l'avait ramené à lui. Il n'était plus lui-même. Il était le faucheur. J'appréciais qu'il s'ouvre ainsi à moi, qu'il me raconte tout ça, car ça me permettait de comprendre pleins de choses.

"Ma réputation me colle à la peau et je l'ai certainement amplement mérité. Mais à la base, c'était parti de rien. De mon hybridité, des blagues de mauvais goût sur mes races, de mon incapacité à gérer cette colère probablement due à mon mélange de races... Et évidemment, j'ai répondu à tout ça, car j'avais la capacité de leur faire fermer leur gueule. Et j'ai pris plaisir à tout ça. J'en prends toujours, dans l'adrénaline de combat, à voir cette lueur dans leur regard quand ils comprennent qu'ils ne s'en sont pas pris à la bonne personne..."

Et je savais, au fond, que c'était un plaisir malsain, que je devais m'en débarrasser. Mais je savais aussi que je n'y arriverai pas toute seule. Mais actuellement, une question me brûlait les lèvres.

"Comment c'est arrivé ? Pourquoi... pourquoi il est sorti ? Et pourquoi... pourquoi il est reparti ?"

Je ne savais pas s'il allait me répondre, m'expliquer comment ça marchait, s'il le savait lui-même. Mais je voulais comprendre pourquoi le faucheur était ressorti, qu'est-ce qui avait déclenché ça ? Et pouvoir potentiellement faire en sorte que ça n'arrive pas à nouveau, si j'étais dans les parages.

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Je ne l'avais jamais entendu parler aussi longtemps, surtout de son passé et de sa race. Etait-ce une preuve de confiance ? Je n'en savais rien mais j'étais contente d'en apprendre autant donc je l'écoutai attentivement.

"Non, on lui en a déjà fait assez baver ces derniers temps."

Un petit sourire s'invita sur mon visage en repensant à la dernière phrase de l'entraineur. Mais Jason semblait plutôt calme, et n'avait pas l'air d'avoir envie de m'en foutre une. Pour l'instant. Je lui expliquai alors comment ça avait commencé pour moi. Je savais qu'il connaissait mon problème de maitrise de la colère. Mais je ne lui avais jamais raconté d'où ça venait.

"J'avais cru comprendre oui. Et je l'ai bien vu empirer depuis que je suis petite jusqu'à maintenant. J'ai peut-être trouvé quelque chose, à voir si ça marche sur le long terme pour canaliser mon... mauvais côté."

Je frissonnais un instant. Il avait raison, c'était un mauvais côté. Mais dit comme ça, j'avais l'impression de n'être que méchante et n'avoir que peu voir pas de bon côté. Je le suivis du regard quand il se leva. Je levai un sourcil à son "Et alors ?". Et alors ? Je venais de lui dire que je prenais du plaisir à faire du mal et ça ne le choquait pas plus que ça ?

"Je ne trouve pas que ce soit aussi simple. Pour moi, il y a un groupe entre les deux. Des gens qu'on emmerde pas et qui n'emmerde personne. J'en connais une comme ça..."

Amy était comme ça. Toujours souriante et positive, à m'en faire gerber des fois. Enfin, façon de parler. Mais elle ne faisait de mal à personne. Et je n'avais pas souvenir que des gens lui aient cherché des emmerdes. Si ça avait été le cas, je m'en serais certainement occupée.

"Mais non, je ne regrette rien. Et je ne ferais jamais partie des payeurs. Je donne les coups, je ne les reçois pas sans rien dire."

Je serrais un instant les dents mais rebaissai la tête vers le sol, réfléchissant à ses paroles. Non, je ne regrettai pas. Je m'étais défendue la première fois. Je ne faisais que répondre, j'engageai rarement le combat sans raison. A force, ils savaient à quoi s'attendre avec moi. Donc s'ils venaient chercher la merde, il fallait s'attendre à la trouver.

Je finis par lui demander des informations sur sa race. Comment ça marchait ? Pourquoi il était venu si vite, et pourquoi il était parti ? J'avais quelques idées. Il avait changé quand Stanley s'en était pris à moi et il était reparti quand Anderson avait hurlé son prénom. Mais c'était quoi ? Un instinct de protection ? Autre chose ?

Perdue dans mes pensées, je sursautai légèrement en le voyant entrer dans mon champ de vision. Je plongeai mon regard dans le sien. Il était tout proche de moi.

"Tu poses trop de questions, Hayley... Toute vérité n'est pas bonne à prendre...
- Je... quoi ?"

Machinalement, je pris la cigarette entre mes lèvres, sans le quitter des yeux. Mais elle tomba de ma bouche quand il posa son index délicatement dessus et qu'elle s'ouvrit, de surprise. La cigarette tomba au sol alors qu'il me faisait un clin d'œil et qu'il s'en allait. Le rouge me monta aux joues. Il venait de se passer quoi là ? Une minute... Eh mais il s'était barré !

"Jason !"

J'utilisai ma vitesse vampirique mais il était déjà ressorti. Je me retrouvai face à lui et posai ma main sur son torse pour l'arrêter.

"Tu..."

Mes oreilles s'agitèrent. Et mes yeux regardèrent tout autour. Il y avait du monde qui nous regardait à la dérobée. Ma queue s'agita de nervosité. Merde ! Il l'avait fait exprès. Je n'aurai pas de réponse et en plus il se jouait de moi. Un léger grognement m'échappa. Mais je soufflai un coup avant de m'adresser plus calmement à lui.

"Ca te dit qu'on s'entraine ensemble ? J'ai fini les tâches que m'avait confié Anderson pour aujourd'hui. Donc je suis libre jusqu'à ce que j'ai envie de partir."

Après tout, il était venu à la salle pour ça. Autant s'entrainer en binôme.

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Je vis qu'il me regardait différemment quand j'avais parlé d'un moyen de me canaliser. Mais il ne posa aucune question, et je n'aurai certainement pas répondu. La conversation continua normalement ensuite. Je restais sur mes gardes car j'avais toujours la phrase d'avertissement d'Anderson sur le comportement que pouvait avoir Jason après le passage du faucheur. Mais il ne passa rien de spécial, et j'avais même l'impression qu'il s'apaisait au fur et à mesure de la discussion. Mais je compris que j'avais posé la question de trop. Et sa réaction me figea un instant. Instant dont il profita pour s'éclipser.

Bien évidemment, il était déjà trop tard pour que je le rattrape et lui pose d'autres questions. Je n'aimais pas être déstabilisée comme ça. Je n'aimais pas ne pas avoir le contrôle sur une situation. Et là, je l'avais clairement perdu. Je m'étais laissée surprendre comme une... Ouais, bon, j'étais encore une ado. Mais je ne pensais pas avoir ce genre de réaction, surtout pas face à lui.

Je le rejoignis tout de même dans la salle de boxe avec ma vitesse surnaturelle. Mais voilà, qu'est-ce que j'allais bien pouvoir dire avec toutes ces oreilles indiscrètes autour de nous ? Bah rien. Alors je trouvais une parade en lui proposant que l'on s'entraine ensemble. Pas un combat, un entrainement. Mais il refusa. Je pensais qu'il allait vouloir m'éviter. Mais à la place, il me proposa d'aller boire un verre. Mes oreilles bougèrent alors que je le regardais avec un air surpris.

"Euh.. Ok, je vais juste récupérer mes affaires."

A nouveau, à la vitesse de l'éclair, je partis prendre mes affaires et mon sac et revins à ses côtés. Je regardais Anderson en haussant les épaules, l'air de dire "Je ne comprends pas ce qu'il se passe." Il me répondit avec un petit sourire en coin. Ca avait donc l'air d'être une réaction normale. Bon, il me donnait l'autorisation de partir pour aujourd'hui. D'un signe de la main, je lui dis donc à demain puis je suivis Jason dehors.

"Plutôt froide pour moi, s'il-te-plait."

Je ne dis rien pendant quelques instants, essayant de chasser la dernière image que j'avais de lui, accroupi en face de moi. Je secouais la tête.

"Est-ce que... ça va mieux ?"

Ca avait l'air, mais on pouvait faire semblant d'aller bien à l'extérieur et que ce ne soit pas le cas à l'intérieur. Et en même temps, il pouvait très bien mentir.

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Il fallait que je me reconcentre. Pourquoi cette attitude m'avait-elle déstabilisée à ce point ? Il n'avait rien fait de spécial... Enfin si, poser son doigt sur mes lèvres comme il l'avait fait, ce n'était pas rien. Mais là où j'aurai décoché mon meilleur crochet du droit à n'importe qui d'autre qui aurait osé faire ça, je n'avais rien fait. J'avais juste... bugué.

Je fronçais les sourcils à sa réponse. Tout ne pouvait pas aller mieux juste avec une cigarette. Je soufflai mais n'ajoutai rien. S'il ne voulait pas en parler, c'était son droit. Mais je gardais toujours en tête qu'il avait esquivé une de mes questions. Et celle-là, je voulais savoir pourquoi. Mais j'avais aussi compris que je n'obtiendrai rien aujourd'hui. Peut-être qu'Anderson avait certaines informations en plus ? Je lui en parlerai demain.

Je le suivis en silence jusqu'au bar, en essayant de remettre de l'ordre dans mes pensées. Je grognai un coup, plus pour la forme qu'autre chose, quand il posa sa main dans mes cheveux. Ca suffit les contacts... Quant à ce que j'allais prendre... J'aurai très bien pu prendre de l'alcool, ce n'était pas comme si ça me faisait quelque chose. En fait, c'était ce que j'allais faire.

"Je vais prendre la même chose."

Je balayai l'endroit du regard en attendant que les boissons soient prêtes. Venait il souvent aussi ? Il avait l'air d'avoir ses habitudes. Je lui glissais un "Merci." quand il me tendit ma boisson avant de le suivre dehors. Je me rendis alors compte qu'il y avait un espace vert magnifique juste en face. Mon regard s'attarda sur chaque détail. Ca faisait du bien de voir un peu de nature aussi. J'en avais bien besoin, à force de passer mon temps entre l'école et la salle. Je fermai les yeux un instant, respirant un grand coup, avant de m'asseoir à côté de lui. Ca me rappelait notre soirée, pendant le festival. Je frissonnai en me rappelant comment ça aurait pu se terminer s'il ne m'avait pas arrêtée. Je bus un coup avant de lui répondre.

"Non, ça va. C'est même plutôt agréable de partager ces moments avec lui. Je sais que ce n'est pas une heure de récréation mais j'aime bien l'aider. Et je peux cogner autant que je veux ensuite, ça fait du bien..."

Les sports de combat restaient ma spécialité à S'Indarë donc m'exercer ne pouvaient que me faire du bien.

"Comment t'as rencontré Anderson ?"

J'étais curieuse. Et il ne voulait pas trop parler de ce qu'il s'était passé alors peut-être que parler de sa rencontre avec Anderson, il accepterait.

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Assumer les conséquences de ses actes

Je n'étais pas certaine qu'il réponde à ma question. Après tout, ça touchait à son passé et il n'avait pas l'air d'avoir très envie d'en parler en général. Je pouvais comprendre. Certaines parties pouvaient être sombres, surtout quand on était à S'Indarë. Que ce soit à cause de notre race, de notre pouvoir ou de nos interactions avec les autres, il se passait toujours des choses. Plus ou moins biens. Et il avait l'air d'être du côté des moins bons moments, comme moi. Mais quand je croisais son regard, je compris qu'il allait me raconter.

"Ca fait longtemps, maintenant... J'avais ton âge. J'avais fait le mur, hors de S'Indarë, et je me baladais dans Londres, de nuit. J'ai toujours détesté leurs grillages, et leurs hautes clôtures, déjà à l'époque..."

Un petit sourire triste apparut sur mon visage. J'étais comme lui. Je me reconnaissais rien que dans cette description. Faire le mur c'était presque mon quotidien. J'avais besoin de sortir la nuit. Et je détestais être enfermée. C'était certainement dans le sang de ma famille.

J'étais suspendue à ses lèvres quand il continua son histoire. Je ne l'interrompis pas mais je commençais à comprendre certaines choses. Tout en l'écoutant, je continuai à boire machinalement. Mais lui vida le sien d'une traite. Oh... Il ne devait vraiment pas aimer raconter cette histoire. Son histoire faisait écho à la mienne. C'était vraiment... bizarre. Je vidais mon verre à mon tour.

"C'est dingue comme... je me reconnais dans tes paroles. La surveillance, les évasions, les coups et les blessures, les problèmes de contrôle et l'intervention d'Anderson dans ma vie. C'est donc lui qui t'a aidé ? Est-ce que tu crois... qu'il peut m'aider aussi ? C'est pour ça que tu me l'as présenté ?"

Je ris un instant.

"Quand j'y pense, moi aussi, j'ai eu l'intervention de la police... N'est-ce pas ?"

Je lui fis un petit clin d'œil. J'essayais aussi de détendre l'atmosphère. Mais au final, si je ne l'avais pas croisé, où j'en serais aujourd'hui ?

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Assumer les conséquences de ses actes

J'avais déjà entendu bien des choses depuis mon arrivée à S'Indarë. "Tu es encore jeune.", "Ne t'en fais pas, ça s'arrangera" et tout un tas d'autres idioties du même genre. Des paroles en l'air et jamais rien de concret. Tous ces adultes qui disaient vouloir m'aider et qui au final perdaient bien plus vite espoir que ça s'arrange que moi qui me battais avec tout ça depuis ma naissance, et encore plus depuis l'apparition de mon pouvoir.

J'étais même convaincue que plus rien ne marcherait, que je devrais juste me débrouiller par moi-même pour ne pas péter les plombs. Bien sûr, j'avais toujours quelques notes d'espoir dans ma vie, comme mes parents ou plus récemment Amy. Mais j'avais l'impression de voir un nouveau chemin depuis que j'avais rencontré Jason. Et que ce chemin s'éclairait un peu plus à chaque nouvelle rencontre avec lui. J'avais plus avancé depuis notre première rencontre et depuis que je venais bosser pour Anderson que depuis mon arrivée à l'école.

Ah Mei... La fameuse Mei qui me détestait allègrement depuis notre première rencontre. La jalousie qui émanait d'elle était assez flippante. Enfin, pourrait l'être si j'en avais quelque chose à faire. Mais je me fichais bien de ce qu'elle pensait de moi. Mais j'avais l'impression que Jason ne se rendait pas compte de tout ça. Ou alors il préférait ne pas y faire attention. Et au pire, ça ne me regardait pas. Un petit rire m'anima aussi. Au moins, j'avais réussi à le faire rire et potentiellement à le détendre.

Je le fixai sans bouger quand il se leva. Il lui faudrait certainement du temps pour passer outre ce qu'il s'était passé à la salle, et peut-être même être loin de moi, si c'était à cause de moi que tout s'était déclenché. Mais j'avais bien aimé discuter avec lui. J'avais l'impression d'avancer encore un peu plus sur mon chemin.

"Je sais ce que tu traverses. Je sais c'que c'est que d'être détesté pour ce que l'on est. "Rock", c'est le surnom qu'ils m'ont donné. Tu sais pourquoi ? Parce qu'un faucheur ne peut avoir qu'un cœur de pierre, selon eux.

- Je ne suis pas d'accord..."

S'il n'avait eu qu'un cœur de pierre, il ne m'aurait jamais aidé comme il le faisait à chaque fois. Il se baissa pour être à nouveau proche de moi, comme dans le vestiaire. J'ouvris ma bouche pour lui répondre mais rien ne sortit. Puis il se leva pour s'en aller.

"Avec plaisir ! Ce n'est pas mon genre voyons."

Mon visage se fendit d'un sourire espiègle alors que je le regardais s'éloigner. Ce clin d'œil... C'était quoi cette manie de me parler aussi proche, de me toucher pour expliquer ses paroles et de ponctuer ses phrases avec des clins d'œil et des sourires ? Et pourquoi ça me faisait ce genre d'effets ? Je baissais le regard vers mes poings. Ma vraie force ne serait pas là-dedans ? Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle. Mais en y repensant, il avait raison. Quand je me concentrai pour ne pas réagir, j'arrivais à me contrôler. Au moins un peu. Comme tout à l'heure à la salle. J'aurai pu directement lui mettre une droite. Mais je ne l'avais pas fait. Et au final, ce n'était pas moi qui avais perdu le contrôle.

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